Aladdin : mais où est passé Guy Ritchie ?

Aprs Dumbo et avant Le Roi Lion, cet Aladdin a des difficults s’imposer. Considr comme le moins digne d’attention des trois mtrages Disney, il subit en plus la foudre de nombreux dtracteurs qui critiquent les bandes-annonces et le design du film. Guy Ritchie runit devant sa camra Mena Massoud en Aladdin, Naomi Scott en Jasmine et surtout Will Smith en gnie, l’attraction du long-mtrage. Et finalement, sans tre un chef duvre, cet Aladdin version 2019 parvient s’affirmer comme un bon film de studio.

Une relecture efficace

Malgr ses 2h09 de mtrage, qui parfois paraissent longues, Aladdin parvient crer du rythme et du divertissement. La ralisation est colore, les costumes sont superbes et tonnement les chansons sont parfaitement revisites. Le compositeur du dessin anim, Alan Menken est revenu derrire la baguette de chef d’orchestre pour dynamiser ses classiques et propose mme des morceaux indits de bonne facture. Guy Ritchie, port par la danse et le chant, tente en permanence d’insuffler un vritable entrain son long-mtrage, qui se veut parfois tape lil, mais toujours esthtiquement agrable.

Le long-mtrage repose videmment beaucoup sur la prsence de Will Smith, qui se place en digne hritier de feu Robin Williams pour incarner le rle difficile du gnie. Alors certes, il cabotine un peu (beaucoup ?), mais qu’importe, puisqu’il inspire une vritable identit ce personnage culte. Mme si de nombreux ressorts comiques se reposent sur des vannes recycles du dessin anim, il n’empche que l’acteur fait totalement le travail, et signe un gnie imposant, parfois magnifi par les effets spciaux. Le gros problme vient finalement de la ralisation, trop acadmique, trop mcanique mme, qui ne ressemble en rien au cinma de Guy Ritchie.

Guy Ritchie aval par la machine Disney

C’est gnralement ce qui inquite les cinphiles, que leur cher cinaste soit cras par le rouleau compresseur Disney et perde toute sa distinction. Avec Dumbo, Tim Burton s’en sortait pas trop mal et gardait les influences de son univers. Avec Aladdin, la personnalit si prpondrante de Guy Ritchie a presque totalement disparue. Qu’on apprcie ou pas son style, Guy Ritchie a incontestablement une patte, un quelque chose, une signature. Et ce n’est pas les blockbusters qui l’effraient puisque son identit tait prsente dans les Sherlock Holmes, Code U.N.C.L.E. et mme le sous-estim King Arthur. Pourtant dans Aladdin, comme par magie, le cinaste n’existe plus. Sa mise en scne trs clipe qui en agace certains aurait largement personnalis des squences d’action relativement classiques. Ses ralentis, acclrations, gros plans, auraient facilement pu dynamiser une mise en scne souvent molle.

Techniquement, la ralisation n’a pas avoir honte. Le rythme fonctionne, les CGI sont russis, et le divertissement fait son effet. Pourtant, le rendu final est extrmement mcanique, sans souffle pique, sans surprise. Jamais le style de Ritchie ne s’envole, souvent interrompu en plein dcollage par un montage trop alatoire. Le rsultat final est trop conformiste, trop sage, et ne laisse finalement pas la magie oprer. Le choix de Ritchie tait loin d’tre stupide, mais son talent n’est pas mis profit. Reste savoir si c’est cause de compromis avec le studio ou d’un manque d’implication du cinaste accapar par son futur The Gentlemen. Bref, vous l’aurez compris, cet Aladdin fonctionnera parfaitement pour les amateurs du dessin anim et des Disney live. Pour les autres, surtout les fans de Guy Ritchie, le film n’est pas indispensable.

Aladdin de Guy Ritchie, en salles le 22 mai. Retrouvez ici toutes nos bandes annonces.